Entre ombre et lumière : la police et le fait divers

La police a intimement partie liée avec le fait divers. Lorsque, à la fin du 19^e siècle, le « fait divers » devient une forme journalistique consacrée, la police est en pleine mutation. Elle n’est plus seulement cette institution aux allures militaires chargée du contrôle des masses et du rétablissement de l’ordre, mais une agence aux spécialisations multiples, toutes liées aux sciences du moment, qui permet d’élucider le crime et de confondre les auteurs. Mais cette « police judiciaire », comme on la nomme en France, peut-elle vraiment tout élucider, tout amener à la lumière ? Que laisse-t-elle dans l’ombre lorsque, instrument du pouvoir, elle découvre qu’un fait divers cache un scandale d’État ? Comment gère-t-elle les enquêteurs et enquêtrices tenaces, pour lesquels la vérité est au-dessus de tout, y compris de l’institution qui les emploie ? Comment agit-elle, enfin, lorsque, par exemple, lors d’une bavure, ce sont ses propres agents qui produisent le fameux fait divers ? Au cours de cette conférence, nous laisserons de côté les faits divers miroirs de la société qu’élucide la police à la satisfaction de tous, pour évoquer ces faits divers que, surtout, la police ne doit pas mettre en lumière.