Présentation
Attentats et émotions collectives
10h30 / Table ronde animée par Régis Guyon avec Gérôme Truc, Guillaume Nahon
et Benoît Falaize
TAP auditorium | durée : 1h30 | gratuit
Comment analyser et expliquer l’ampleur des réactions et de l’émotion suscitée par les attentats qui ont frappé la France depuis janvier 2015 ? Ces fêtes qui se transforment en cauchemars et dont les deuils deviennent des instants de communion nationale, ces millions de personnes descendues dans la rue pour manifester leur soutien aux victimes et faire front aux terroristes, que peut-on dire de ces phénomènes ? Avec cette table ronde, nous proposons une interprétation croisée de ces émotions collectives qui ont secoué chacun d’entre nous.
Benoît Falaize est inspecteur général de l’Éducation nationale, historien, spécialiste des questions vives de l’enseignement. Il a particulièrement suivi ce que les attentats ont provoqué dans le monde éducatif.
Régis Guyon est directeur de la Délégation Éducation et Société de Réseau Canopé et rédacteur en chef de la revue Diversité.
Guillaume Nahon est conservateur, directeur des Archives de Paris. Il a supervisé la collecte des objets produits dans Paris en hommage aux victimes des attentats de 2015.
Gérôme Truc est sociologue, chargé de recherche au CNRS. Il est l’auteur en 2016 de Sidérations, une sociologie des attentats (PUF).
Le temps qu’il fait : les émotions politiques
14h / Table ronde animée par François Dubasque avec Guillaume Garnier et Cédric Germain
TAP auditorium | durée : 1h30 | gratuit
Attentats, Brexit, campagnes électorales, ces événements viennent nous rappeler à quel point les émotions participent de notre manière d’être ou d’agir. Leur forte imprégnation dans notre quotidien met en lumière l’importance de s’en saisir comme objet d’études et notamment d’historiciser le phénomène pour mieux appréhender l’évolution de nos sociétés. Les émotions s’inscrivent en effet dans des temporalités et des sociologies qui intéressent tout autant l’histoire politique, l’histoire des représentations collectives ou l’histoire sociale. La mise en relation du champ des émotions avec le temps spécifique de la nuit – temps propice à la violence comme au débat – apparaît ainsi comme l’une des pistes fécondes qui donne à voir une autre sensibilité humaine.
François Dubasque est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Poitiers et membre du CRIHAM (EA 4270). Ses travaux de recherche portent sur le personnel politique français contemporain et sur les pratiques politiques dans leur dimension territoriale. Il a publié Jean Hennessy (1874 – 1944), Argent et réseaux au service d’une nouvelle république (PUR, 2008) et récemment codirigé plusieurs ouvrages dont Terres d’élections. Les Dynamiques de l’ancrage politique (1750 – 2009), avec É. Kocher-Marboeuf (PUR, 2014).
Guillaume Garnier (CRIHAM) est docteur en histoire moderne et contemporaine des universités de Genève et de Poitiers, ses recherches portent sur les pratiques et les représentations du sommeil aux 17e et 19e siècles (L’Oubli des peines. Une histoire du sommeil (1700 – 1850) – PUR, 2013) et sur la perspicacité des événements nocturnes. Il codirige actuellement un ouvrage collectif sur L’Histoire des nuits blanches depuis l’Antiquité.
Cédric Germain est doctorant (FoRell) et professeur de lettres classiques au Lycée Jean Macé à Niort. Son sujet de thèse porte sur les comédies d’Aristophane, il s’intéresse plus particulièrement aux révoltes nocturnes et aux banquets festifs dans Lysistrata et L’Assemblée des femmes.
La Guillotine ou la Théâtralisation de l’émotion
16h / Conférence de Jean-Clément Martin
TAP auditorium | durée : 1h | gratuit
Image emblématique de la Révolution sanguinaire et égalisatrice, la guillotine suscite toujours d’innombrables émotions. Cette fascination sensible dès sa mise en oeuvre en 1792 est en soi un objet historique, qui justifie amplement le développement actuel de l’intérêt pour les émotions parmi les spécialistes de l’Histoire. Il conviendra d’expliquer comment cet instrument qui devait, initialement, supprimer les affects autour de la mise à mort des criminels s’est retrouvé, au contraire, moteur d’une exaltation inouïe qui en a radicalement et durablement modifié l’usage. Entre mobilisation politique, manipulation partisane et pulsions, la guillotine est devenue cette pièce centrale de nos rapports fantasmés à la Révolution.
Jean-Clément Martin, professeur émérite Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ancien directeur de l’Institut d’Histoire de la Révolution française, est un spécialiste de la période révolutionnaire. Parmi ses derniers ouvrages : Robespierre. La Fabrication d’un monstre (Perrin, 2016) et La Terreur. Vérités et Légendes (Perrin, 2017).
Terres Closes
18h / Lecture du texte de Simon Grangeat
TAP plateau b | durée : 1h | gratuit sur réservation
Texte de Simon Grangeat | Mise en espace Louise Dudek
Avec Claudia Mongumu, Mehdi Limam, Alison Valence, Antoine Formica
Dans le cadre de la Carte blanche à Jeunes textes en liberté
Terres closes ou le périple d’un voyageur. Il commence le long du mur qui borde la frontière entre le Mexique et les États-Unis, continue en Afrique, d’abord dans le Sahara, puis le long des frontières de Ceuta et Melilla et enfin en compagnie des migrants traversant la Méditerranée. Son voyage s’achève sous le mur le plus infranchissable qui soit : le rempart d’un système administratif toujours plus complexe.
L’écriture de Simon Grangeat joue des formes documentaires, tissant des liens étroits entre la création artistique et le récit de notre monde. Ses textes sont régulièrement joués ou mis en lecture dans le réseau des écritures contemporaines.
Les Colosses aux mains d’argile
19h / Vernissage exposition sur une proposition d’Anaïs Marion, en collaboration avec William Berthomière
Ateliers de l’ÉESI (rue Édouard Grimaux) | gratuit
Exposition visible jusqu’au 19 nov, du mer au dim de 14h à 19h
Un poing levé, une main tendue, deux paumes ouvertes, une poignée de mains, un crochet du droit ou un doigt pointé au loin : ce sont autant de gestes que de symboles politiques et sociaux forts dont la main se fait le relai. En utilisant son propre vocabulaire en signe de révolte ou d’approbation, de rejet ou d’hospitalité, de pouvoir ou de soumission, ce langage aussi singulier que commun s’offre comme une grammaire collective. Elle apparaît, dans l’imagerie contemporaine, comme un outil capable de parole autant que de sensation, vecteur de messages comme d’émotions. Elle s’active et se met en scène dans un mélange à plusieurs mains d’oeuvres, d’images et de documents.
Dès le mardi 7 novembre, les passants de la rue Édouard Grimaux pourront assister au montage de l’exposition dans les ateliers de l’ÉESI.
L’Assemblée
20h30 / Film de Mariana Otero
TAP Castille | durée : 1h39 | tarifs de 3 € à 5,50 €
France | 2017 | Documentaire | réalisation Mariana Otero
Séance suivie d’une rencontre avec la réalisatrice
Le 31 mars 2016, place de la République à Paris, naît le mouvement Nuit debout. Pendant plus de trois mois, des gens venus de tous horizons s’essayent avec passion à l’invention d’une nouvelle forme de démocratie. Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ?
Mariana Otero a saisi admirablement cette brèche spatio-temporelle qu’offrait Nuit debout à l’Histoire, à la politique et au politique, au collectif que nous sommes, habitants de France. Un temps suspendu ou, comme chez Rohmer, la parole est action, la seule action humaine qui puisse véritablement nous émouvoir et nous mettre à nu.
Ionis Nuguet (réalisateur)
