Présentation
Au cœur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu. Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission de télé-réalité italienne. Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien ne compte désormais – ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par son épouse, qui améliorait un peu leur ordinaire ! Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin mais aussi celui de tout son entourage…
« Après le sensationnel Gomorra, Garrone persiste dans son exploration du peuple napolitain, l’horizon utopique de la téléréalité remplaçant le quotidien plombé de la Camorra. Passant avec succès un casting local, un poissonnier rêve d’intégrer la nouvelle saison de Big Brother.
Reality dresse le portrait d’un quartier populaire et de ses truculents habitants, sonde la dérive personnelle d’un honnête homme qui prend ses désirs de gloire et d’argent pour la réalité.
Tous amateurs, les acteurs sont extraordinaires de présence, de vérité et de finesse. Le casting est le vrai point fort de ce film, dans la veine de Gomorra, développant un mix détonnant de néoréalisme et de comédie italienne. Garrone montre comment filmer avec empathie et respect des êtres physiquement disgracieux et potentiels objets de moquerie. C’est sans doute en raison de son physique et de son style vestimentaire que le poissonnier a du mal à être sélectionné pour l’émission, Garrone dénonçant mezzo voce la dictature du paraître instituée par les médias dominants.
En revanche, sur l’aspect « la télé opium du peuple », Reality ne dit pas grand-chose de neuf depuis l’avènement de Berlusconi, voire de la télé comme média de masse, à part peut-être ceci : avant, la télé abrutissait par la simple diffusion de ses programmes, maintenant, elle peut détruire les gens du peuple en leur faisant la promesse (le plus souvent fausse) d’entrer dans l’image. »
Serge Kaganski