Présentation
Malcom et Sofia sont de jeunes graffeurs qui arpentent les rues de New York pour couvrir de leurs noms les murs de la ville. Lorsque l’un de leurs tags disparaît sous un autre graffiti, les deux adolescents se lancent le défi de leur vie : tagguer la pomme géante du Shea Stadium. « Pour bien saisir les enjeux du premier film d’Adam Leon, mieux vaut au préalable se familiariser avec le folklore new-yorkais car il n’est question que cela dans Gimme the Loot. La ville compte deux clubs de base-ball, les antiques et vénérés Yankees dont le logo orne la casquette des adolescents de la moitié de la planète, et les Mets, le club du Queens, objet de dérision locale au palmarès maigrelet. C’est important car les deux jeunes héros du film, Malcolm et Sophia, projettent de réaliser un graffiti qui leur permettra de devenir des légendes. Ils veulent s’introduire dans le stade des Mets et inscrire leur signature sur une gigantesque et grotesque pomme de plastique qui trône sur le terrain, de sorte que tout le pays puisse voir leur œuvre à la télévision. Léger problème, pour parvenir à ce graal, ils doivent soudoyer un garde et, donc, trouver500 dollars alors qu’ils sont fauchés, maladroits et malchanceux. Tout le film suit donc les déambulations, plutôt drôles, du petit couple pour réunir cet argent. Un chemin de croix semé de petites arnaques misérables, d’une kyrielle de personnages de la rue – glandeurs, dealers, grapheurs, traficoteurs en tous genres – et d’une poignée de bourges du sud de Manhattan remarquablement antipathiques. L’objet de Gimme the Loot tient donc en un portrait parcellaire d’un New York tel qu’on le croyait plus ou moins disparu. Celui d’un peuple de la débrouille et du dérisoire, dans le cadre dépressif des quartiers prolos, sinistres même sous le soleil éclatant de l’été et où la solidarité sociale, si elle a un jour existé, est définitivement devenue un grossier mensonge. La légèreté du ton, le comique des situations et le caractère attachant des deux personnages produit un portrait presque angélique de la métropole, à l’opposé du registre conventionnel de violence auquel elle est régulièrement associée. Pour autant, l’âpreté de ce petit enfer tolérable n’est jamais mise hors jeu. La totalité des situations finit toujours par une note amère, comme lorsque Malcolm croit avoir séduit la jolie bourgeoise blonde pour lui soutirer du fric, le rappel à l’ordre ne tardant pas. La fille le traite comme un chien devant ses copines avant de lui glisser un humiliant pourboire. A propos, faut-il préciser que Malcolm et Sophia sont noirs ? » (Libération)